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jeudi 23 avril 2015
LA TRIBUNE DES CHEVALETS
Je remercie Halima Grimal d'avoir écrit ce superbe texte pour mon expo à l'hôpital D'enfants
La Tribune des Chevalets
Entrer dans
l’univers de Florence Lafleur,
c’est pénétrer dans la douceur du conte.
Son
exposition est en deux parties distinctes, des réalisations en céramique et des
tableaux de petit format faits de dessins et de collages. Cependant, il est un
lien qui unit ces deux moments et met en avant la cohérence de sa
représentation intime : le monde aquatique.
Elle crée
des suspensions tripartites qui font s’étager, comme liés par un fil de pèche,
des poissons imaginaires aux formes simples et stylisées. Ce serait le point de
départ de mobiles où tournoieraient, au souffle de l’air et des risées marines,
des créatures imaginaires, inspirées par la faune colorée du lagon réunionnais.
On peut
parler de réalisations délibérément naïves ; c’est une vision charmante,
proche des éléments décoratifs qui ornent les chambres d’enfant.
Florence
Lafleur a dans le regard des étincelles de fraîcheur, un sens de la simplicité
et de la tendresse. Il y a là un contrepoint et un contrepied de l’art agressif
en vogue qui entre en joute avec les violences du monde et qui retranscrit les
traumatismes que nous portons en nous ; elle fait le choix d’un rêve que
rien de trouble ne vient bousculer.
Il en va de
même pour les tableaux, qui sont comme la continuité des céramiques :
petits personnages ronds, joufflus, avec du rose aux pommettes, ils se campent
au centre d’un univers sans fioriture, vide, sobre. Mais ils subissent des
anamorphoses, transformés avec humour dans l’univers piscicole.
Florence Lafleur
a fait apparaître un être polymorphe, protéiforme, qui a les pieds en nageoire
et des tronçons de poisson en guise de corps. Créature à la limite de l’humain
qui subit, sans souffrir, des avatars drolatiques. On pense à des métamorphoses
inspirées de la bonhomie de Bécassine ou encore à la tendre pureté du Petit
Prince.
Florence
Lafleur est ici l’illustratrice d’histoires non écrites ou de comptines qu’il
reste à inventer. Son dessin très léger pourrait figurer dans ces livres
destinés aux premières lectures ; nous sommes face à des
« enfantasmagories ».
L’ensemble
est discret, comme une promenade dans une ronde chantonnante.
Les tableaux
sont peints en aplats : la technique même est sobre. On souhaiterait
cependant plus de force et de corps dans le tracé, on est curieux de voir ce
que donnerait la transplantation de cet univers de papier sur des toiles.
Ce
parti-pris de transcrire le rêve en l’habillant de métamorphoses ne manque pas
d’intérêt : que notre artiste s’affirme, qu’elle prenne confiance en
elle ; sa créativité « enfanteresque » est en devenir.
Nous ne
pouvons qu’encourager cette voie parallèle de l’art et nous attendons que se
trace fermement le chemin d’un art où Monsieur Pieuvre côtoie un poisson clown
et où s’étonne l’enfant, que nous sommes au fond de nous restés, projeté sur le
mur en habits d’écailles.
Halima
Grimal
jeudi 9 avril 2015
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